État actuel des différences chez les utilisateurs de cryptomonnaies : un nombre important de détenteurs et un manque d'utilisateurs actifs

Auteur : Prathik Desai, Source : Token Dispatch, Traduction : Shaw Finances or

Sur le papier, la base d’utilisateurs fondamentaux des cryptomonnaies est très importante. Actuellement, le nombre de personnes dans le monde détenant une forme de actif numérique a atteint un record historique, dépassant 700 millions. Si l’on considère cela comme un pays, il serait le troisième plus grand au monde, juste après la Chine et l’Inde.

Le taux de pénétration des cryptomonnaies a été multiplié par 7 en moins de cinq ans. À première vue, cette progression semble rapide et énorme, donnant l’impression que la diffusion des cryptomonnaies s’est considérablement amplifiée. Cependant, une analyse plus approfondie d’autres données révèle que la réalité est bien plus complexe.

Dans cette analyse quantitative de cette semaine, j’ai apporté plus de données et de graphiques pour enrichir la compréhension des différences entre la détention et l’utilisation des cryptomonnaies.

Peut-être que les cryptomonnaies ne sont pas réellement en attente d’une nouvelle vague de 100 millions d’utilisateurs, mais plutôt en attente que les quelques centaines de millions d’utilisateurs existants deviennent plus actifs.

Selon le rapport « État des cryptomonnaies en 2025 » publié par a16z crypto, au 31 août 2025, le nombre de détenteurs de tout actif numérique s’élevait à 716 millions. Par rapport aux données d’autres rapports antérieurs, ce chiffre a été multiplié par 7 depuis 2021, où il était d’1 million.

C’est effectivement un titre impressionnant. Mais en examinant la proportion de ces détenteurs qui utilisent activement ou échangent leurs actifs, on découvre plusieurs points qui méritent d’être remis en question.

Le graphique montre que parmi ces 716 millions de détenteurs de cryptomonnaies, moins de 10 % sont des utilisateurs actifs mensuels (MAU) qui effectuent des transactions. Ce chiffre soulève plusieurs hypothèses.

Au cours des 16 dernières années, certains détenteurs ont peut-être acheté des cryptomonnaies par curiosité, puis les ont oubliées. D’autres utilisent des plateformes centralisées hors chaîne pour échanger. Certains optent pour des méthodes traditionnelles, comme les fonds négociés en bourse (ETF) ou l’achat d’actions de sociétés de portefeuille d’actifs numériques (DAT), pour accéder à des opportunités d’investissement en cryptomonnaies.

Toutes ces situations, et d’autres encore, compliquent l’interprétation de ces chiffres.

Néanmoins, un signe indéniable est que parmi les 40 à 70 millions d’utilisateurs actifs mensuels sur la blockchain, au moins 10 millions ont été ajoutés l’année dernière.

Les données on-chain montrent clairement un taux élevé d’inactivité parmi les portefeuilles détenus.

Depuis la création d’Ethereum, 350 millions d’adresses ont été créées, mais moins de 1 % sont actuellement actives.

Bien que la moyenne mobile sur 30 jours des adresses actives sur Ethereum soit passée de 400 000 en avril 2024 à 460 000 en août 2025, cette moyenne est depuis retombée en dessous de 420 000 adresses actives.

La situation sur Solana est encore pire.

Au 10 novembre, le nombre d’adresses actives en temps réel sur Solana (c’est-à-dire celles ayant effectué au moins une signature au cours de la dernière année) est tombé à 2,6 millions, contre une moyenne d’environ 5 millions entre octobre et décembre 2024.

Ce déclin ne se limite pas à la blockchain, il se reflète aussi au niveau des portefeuilles utilisateur, c’est-à-dire des applications que la majorité des utilisateurs utilisent réellement.

MetaMask, le portefeuille auto-hébergé le plus populaire dans le domaine des cryptomonnaies, a été téléchargé plus de 143 millions de fois. Mais seulement environ 30 millions d’utilisateurs l’ouvrent chaque mois, ce qui donne un taux d’activation de seulement 21 %.

La situation de Trust Wallet est encore pire : plus de 200 millions de téléchargements, mais seulement 17 millions d’utilisateurs actifs mensuels, soit seulement 8,5 %.

Seul le portefeuille Phantom, basé sur Solana, affiche une activité et une fidélité utilisateur relativement plus élevées. Avec environ 24 millions de téléchargements, il compte plus de 15 millions d’utilisateurs actifs mensuels.

Même en tenant compte des données de Phantom, 85 % des utilisateurs parmi ces trois principaux portefeuilles restent inactifs.

En comparant ces chiffres à ceux des grandes entreprises de fintech, on voit que la majorité des applications et des blockchains dans la cryptosphère ont encore beaucoup de chemin à parcourir. Par exemple, le taux d’utilisateurs actifs mensuels de l’application de paiement Venmo est de 35 à 40 %. La rétention des utilisateurs de PayPal est également à peu près la même, même en tenant compte des statistiques démographiques de 2024.

On pourrait attribuer cette différence avec la cryptosphère à une « phase initiale de comportement ». Mais lorsque le nombre d’installations atteint plusieurs centaines de millions, alors que le nombre d’utilisateurs actifs n’est que de quelques dizaines de millions, cela pourrait indiquer un problème inhérent au produit lui-même, plutôt qu’un problème de croissance.

Alors, qu’est-ce qui explique cet écart entre la détention et l’utilisation ?

Le domaine des cryptomonnaies est rempli de complexités, allant des protocoles de ponts inter-chaînes aux phrases mnémoniques, en passant par les frais de transaction, sans exception. Ces complexités rendent l’achat de cryptomonnaies facile, mais leur utilisation difficile, et lorsqu’un utilisateur abandonne à cause de la difficulté, il devient encore plus difficile de le faire revenir.

C’est peut-être là que réside la clé pour résoudre le problème de la diffusion des cryptomonnaies. La cryptomonnaie n’a pas besoin de devenir Venmo du jour au lendemain, mais elle peut se concentrer sur l’avenir et saisir les opportunités. La prochaine vague de 100 millions d’utilisateurs est déjà dans le système, et non à l’extérieur. Ils ont simplement besoin d’une raison pour redevenir actifs.

Les développeurs de cryptomonnaies doivent leur donner une raison de revenir.

La réponse ne se trouve peut-être pas dans un tableau de bord ou un tracker de tokens, mais dans la construction de solutions permettant d’intégrer des portefeuilles comme composants invisibles dans les produits. De nombreux exemples dans le domaine de la cryptosphère peuvent servir de référence.

Sur Farcaster, par exemple, les utilisateurs n’ont pas besoin d’une fenêtre de portefeuille séparée ou d’une dApp décentralisée pour frapper des NFT ou voter, ils peuvent le faire via Frames dans leur flux social. Plusieurs bots Telegram permettent aux utilisateurs d’échanger directement des tokens, de donner des pourboires ou de gagner des revenus dans la conversation. Sur Base, des événements estivaux on-chain ont permis à des millions d’utilisateurs de s’inscrire facilement sans frais via une interface de frappe simple.

OpenAI avec ChatGPT en est un autre exemple. Ce produit d’intelligence artificielle compte plus de 800 millions d’utilisateurs actifs hebdomadaires, avec un nombre de nouveaux utilisateurs chaque semaine supérieur à celui de la plupart des portefeuilles ou blockchains mensuels. Et cela, avec moins d’étapes, moins de friction et sans cycle spéculatif.

Si les développeurs de cryptomonnaies s’inspirent de cette approche, notamment pour résoudre le problème de la large adoption, alors le chiffre de 716 millions de portefeuilles pourrait se transformer en quelque chose de plus significatif.